Introduction

Le FRIZBI est une école alternative, multi-pédagogique, associative, laïque, hors contrat.

Son objectif est d’œuvrer pour le bien-être et l’épanouissement des jeunes personnes. Pour cela, les référents adultes les accompagnent dans la découverte et le déploiement de leurs propres capacités afin d’acquérir autonomie, liberté et responsabilité. L’école offre pour cela un cadre familial et naturel qui permet d’apprendre en expérimentant.

L’enfant a naturellement le désir d’apprendre. Il observe et imite en permanence. Il a en lui une curiosité et une sociabilité naturelle que nous souhaitons respecter et laisser grandir.

Notre école considère que chaque personne est unique. Elle propose un accompagnement individualisé à chaque jeune et le place au centre de l’acte éducatif notamment en :

  • respectant ses intérêts personnels et ses rythmes d’apprentissages ;
  • prenant soin qu’il se sente bien à l’école ;
  • l’incluant dans les décisions, notamment celles qui le concernent.

Pour atteindre ses objectifs, l’école laisse une grande liberté à l’enfant, dans le sens de lui laisser le choix, en l’accompagnant avec bienveillance, dans un environnement sain et adapté.

Les parents tiennent un rôle important dans la co-éducation de tous les membres de l’école.

Le FRIZBI est une école évolutive qui se co-construit en fonction des individus qui la composent. Il est important pour nous de la considérer comme un système vivant et pour cela, nous l’organisons selon les mêmes principes que l’on peut retrouver dans des structures dites du 3ème type, selon la définition qu’en donne Bernard Collot.

Dans cette organisation, le rôle de l’adulte est de mettre en place des conditions qui favorisent l’auto-construction des langages et leur évolution. Notamment, il est pris un grand soin à : l’aménagement des espaces, la communication, l’accès à de nombreux ateliers permanents, le partage d’une réunion quotidienne, la sauvegarde de la mémoire collective, le mélange des âge et la posture des adultes.

Les principes pédagogiques du FRIZBI sont liés aux apprentissages autonomes : ce sont les enfants qui choisissent ce qu’ils souhaitent apprendre, quand et comment. Les référents les accompagnent dans leurs projets. Des outils personnalisés permettent de suivre l’acquisition progressive des exigences du socle commun de connaissances, de compétences et de culture.

« Eduquer, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu »
William Butler Yeats

I. Approche pédagogique

A. Nos objectifs

Les fondements du FRIZBI visent à ce que les enfants développent des capacités à réfléchir, à chercher, à s’intéresser et à comprendre. Ainsi, ils pourront acquérir le socle commun de connaissance, de compétences et de culture.

Dans ce cheminement, nous prenons grand soin de notre posture pour leur permettre de rester acteurs de leurs apprentissages et préserver leur enthousiasme.

Pour qu’ils s’intègrent activement dans la société, nous veillons à ce qu’ils se responsabilisent et cultivent un savoir être en groupe. Nous les accompagnons pour qu’ils développent leur autonomie et leur esprit critique.

Ils nous tient à cœur qu’ils aient confiance en eux, soient épanouis et sachent comment prendre soin de leur santé.

Nous veillons également à ce qu’ils puissent développer leur créativité et soient connectés à la nature.

B. Comment les atteindre

1. Apprentissages autonomes

Lorsque les humains sont laissés libres assez tôt ou assez longtemps, ils arrivent d’eux-mêmes à s’orienter naturellement vers leurs centres d’intérêts et à se fixer des objectifs. Ils déploient leur motivation intrinsèque.
Nous choisissons de laisser chaque enfant évoluer à son rythme afin d’explorer ce qu’il souhaite sans limite de temps. Il peut ainsi déterminer lui-même ses objectifs et ce dont il aurait l’utilité. Il peut puiser des ressources dans l’environnement proposé par l’école : matériel ou humain. Chaque suivi est individuel et dépend des besoins de l’enfant.

Les apprentissages sont facilités par les interactions multi-âges et les activités qui ont lieu au sein de l’école, formelles ou informelles.

La croissance de leur autonomie, la prise d’initiatives et le développement de leur personnalité sont favorisés grâce au respect de leur rythme et de leurs intérêts.

Être auteur de ses apprentissages entraîne une grande confiance en soi, nourrit une grande curiosité envers la vie et le monde tout en approfondissant la connaissance de soi-même.

Pour faciliter ce type d’apprentissages, une place essentielle est réservée aux projets personnels et collectifs. Par ces projets, les jeunes s’engagent dans une entreprise où ils développent de nouvelles aptitudes et/ou consolident des compétences existantes.

L’adulte apporte son soutien au jeune : confiance, aide méthodologique, accès à des ressources, …

2. Considération

Les enfants sont considérés comme des personnes à part entière et bénéficient du même respect dans leurs entreprises que les adultes.

Dans le monde actuel, la majorité des adultes a pris l’habitude d’exercer une autorité ascendante arbitraire allant le plus souvent de l’adulte vers l’enfant. Ces automatismes viennent de notre éducation, de notre héritage. Nous proposons d’interroger au quotidien la légitimité de l’autorité et de laisser un maximum de place à la singularité de chaque individu et à sa capacité à s’auto-déterminer.

Dans un tel espace, l’autorité ne vient plus de l’extérieur, mais de l’intérieur.

La pratique de l’égalité entre tous les individus, quelque soit leurs âges ou leurs statuts, aide à tisser de vraies relations, horizontales et positives, d’humain à humain entre adultes et enfants.

3. Expérimentation et transdisciplinarité

S’instruire en pratiquant permet de garder une vision globale de la connaissance, de ne pas la fragmenter. Les différentes matières du socle commun sont acquises de manière fluide car, comme dans la vie réelle, elles sont mélangées et vivantes. Cela facilite l’apprentissage et l’intégration à long terme comme lorsque nous avons appris à parler, marcher, interagir, jouer, manger, …

Cette habitude multidisciplinaire de s’approprier les savoirs permet également d’avoir une capacité à voir large et préserve une vision intégrale de l’humain qui ne déconnecte pas le corps, la raison, les émotions et l’intuition.

L’absence de programme est source de richesse et permet de développer toutes les compétences et connaissances nécessaires pour s’insérer dans la société.

4. Droit à l’erreur et place pour l’incertitude

Nous considérons que l’erreur est créative. Elle permet d’évoluer et de s’émanciper. C’est en se trompant qu’on apprend.

De plus, il est important d’appréhender le fait que les apprentissages qui ont lieu au cours de notre vie peuvent être ornés d’inexactitudes et d’illusions, que les savoirs évoluent et qu’il est important de pouvoir changer d’avis.

Nous prenons soin de ne pas placer l’adulte en position d’individu aillant acquis le savoir et qui a le rôle de le transmettre à l’enfant qui serait juste un apprenant. En effet, celui qui transmet (qui n’est pas forcément l’adulte) apprend autant que celui qui reçoit, même si le contenu est différent.

5. Accueil des émotions

Chacun est encouragé à être lui-même et à s’accepter dans toutes les facettes de sa personnalité. A travers ce prisme, toutes les émotions ont leur place et sont autorisées à être exprimées dans le respect des autres. Il n’y a pas d’émotions négatives, même la tristesse, la colère et la peur. Elles sont juste là, elles nous traversent, passent, on les ressent. Elles sont toutes pertinentes et accueillies par les adultes sans jugement.

L’écoute des émotions permet d’être en contact avec l’enfant, de préserver sa confiance en lui et en ceux qui assurent sa sécurité. La confiance étaye la formidable capacité d’apprendre des enfants, leur volonté d’entreprendre, leur créativité et leur franchise.

C. Concrètement

1. Faire école en plein air

Nous souhaitons proposer une école qui offre un lien privilégié avec le monde naturel. Un espace qui permette aux enfants de passer la journée en pleine nature, autant que possible.

Passer du temps dehors participe :

  • au bon fonctionnement de la pleine santé mentale : amélioration de l’estime de soi, de la conscience de soi et de la confiance en soi, baisse du cortisol, hormone du stress, et donc optimisation du processus d’apprentissage cognitif et psychologique ;
  • au bon fonctionnement de la santé physique : renforcement de la condition et de la résistance physique, ainsi que de la force musculaire et de la solidité osseuse, développement des sens et de capacités motrices équilibrées, baisse de l’obésité, renforcement du système immunitaire, prévention des allergies, de la myopie et des maladies cardiovasculaires ;
  • à la construction de compétences transversales : créativité, concentration, persévérance, autonomie, connaissance de soi et auto-discipline.

Cela rend également plus joyeux, indépendant, attentif et sensible au monde qui nous entoure, et donc plus respectueux des autres êtres vivants et de l’environnement. Être en groupe dans la nature stimule la coopération et facilite les interactions sociales.

Dans les écoles qui le font depuis longtemps (Angleterre, Ecosse, Danemark, Allemagne), il est avéré que les apprentissages sont conservés sur le long terme car les jeunes ont appris avec leur corps au rythme de leur motivation.

2. Grande place laissé au jeu

Je tentais d’instruire mon enfant avec des livres.
Il me lança des regards d’incompréhension.
J’usais de mots bien nets pour l’éduquer,
Sans jamais arriver au but.
En désespoir de cause, je me détournais, en criant :
« Comment pourrais-je joindre cet enfant
et communiquer avec lui ? »
Ce fut lui qui me donna la solution :
« Viens, dit-il, joue avec moi »
Auteur inconnu, adapté par Aletha Solter

Le jeu permet de tisser des liens très forts entre les individus. Il est source d’écoute, de coopération et de confiance. Il peut également être un outil doux et joyeux de résolution de conflits, de reliance émotionnelle. C’est une porte magique pour entrer dans le monde de l’enfant et partager avec lui le plaisir de vivre ensemble.

En plein air, les jeux sont riches, évolutifs, et « infinis ». Il en existe un grand nombre. Nous en retiendrons ici deux formes largement favorisées dans notre approche éducative.

Le jeu libre n’a aucun objectif, aucune règle. Ceux qui jouent créent au fur et à mesure. Ce type de jeu évolue sans cesse et n’est jamais deux fois pareil. Il permet d’explorer le monde en toute sécurité, de se l’approprier et aussi de rejouer des expériences difficiles jusqu’à les dénouer. Il a une place fondamentale au cœur de notre école.

Les jeux coopératifs, nés de mouvements non-violents dans les années 1970 au Vietnam, favorisent l’entraide, la convivialité et neutralisent l’insécurité qui est générée lors de jeux compétitifs. Nous les utilisons souvent lors des temps de groupe.

3. Prendre le temps de ne rien faire

L’ennui est aussi un terreau pour la créativité. Savoir ne rien faire est tout un art. Celui-ci aussi s’apprend par la pratique.

Au fil des journées, nous prêtons attention à ce que chaque jeune puisse prendre le temps de ralentir, de contempler, d’écouter, de profiter du moment.

Il est important de pouvoir prendre le temps de faire les choses, lentement. Cela aide le cerveau à se développer sainement, sans stress.

Ces moments sont bons pour le développement :

  • en aidant l’enfant à comprendre comment fonctionne le monde et comment il fonctionne lui-même car il va pouvoir être à l’écoute de ses passions et il va se diriger naturellement vers ce qu’il aime vraiment ;
  • en entraînant le cerveau à fonctionner sous l’ennui : l’enfant va apprivoiser le temps et ainsi gagner en patience ;
  • en facilitant l’autonomie car il va chercher lui-même à s’occuper.

« En leur rendant du temps, c’est l’enfance elle-même que nous rendons aux enfants »
Joan Domenech Francesch

4. Sensibilisation à l’écologie

Comme les enfants seront souvent en plein air, ils vont pouvoir explorer des espaces qui changent en fonction des saisons et de nos actions. Cela permet de développer leur conscience de l’impact que nous pouvons avoir sur le monde.

Nous les accompagnons dans ces découvertes avec des pratiques respectueuses de la nature.

Grandir dans la nature habitue à se trouver confronté à l’inconnu ce qui apprend à respecter des éléments très différents de nous et entraîne généralement une plus grande acceptation des cultures éloignées des nôtres.

5. Prise de risque mesurée

Les enfants qui peuvent prendre des risques se font moins mal que les autres. Ils sont aussi plus agiles. Cela vient du fait qu’ils se frottent à la réalité concrète de ce qui nous entoure et sont confrontés au lien de cause à effet. Cela accentue également leur sens des responsabilités, individuelles et collectives, et leur confiance en eux. L’enfant se confronte à des difficultés et cherche des solutions.

Sur ce chemin, nous les accompagnons en posant un cadre comprenant des règles et des limites simples afin de leur permettre d’explorer l’espace librement tout en se respectant et en permettant la vie en groupe.

6. Diminuer le temps passé devant les écrans

Nous reconnaissons que les outils numériques ont un potentiel pédagogique et ludique.

Cependant, utiliser trop souvent de telles ressources diminue fortement les capacités cognitives des humains, surtout ceux en développement.

Aussi, en intérieur, nous pouvons les utiliser lors d’ateliers adaptés et encadrés. Durant les temps passés en plein air, nous nous passons d’outils numériques.

Cela permet notamment d’inclure facilement les personnes électro-sensibles dans toutes les activités.

II. La vie de l’école

A. La construction des langages

Ce que nous appelons « langages », ce sont des outils neurocognitifs qui nous permettent de percevoir, comprendre et interpréter notre environnement. Ils sont à l’origine de la création de divers mondes : maths, lecture, science, … On peut tout faire avec. Ils permettent l’appropriation des connaissances et leurs mises en action.

Chaque apprentissage est l’évolution et la complexification d’un langage. Un ensemble de concepts volatiles qui peuvent disparaître.

Les langages eux sont des outils qui, une fois pris en mains, peuvent toujours resservir.

C’est au travers des projets individuels et collectifs que se construisent les langages. Les compétences ne sont qu’une conséquence de cette construction. Nous créons les conditions qui favorisent cette constitution.
L’enfant se construit au sein d’un groupe par l’interaction permanente avec son environnement et dans l’interrelation constante avec ses membres.

Le matériel et les outils pédagogiques que nous utilisons sont alors des moyens et non des fins :

  • tout matériel pédagogique est le bienvenu (Montessori, Freinet, traditionnel..) ;
  • chaque matériel peut ou non correspondre aux besoins des enfants ; leur variété et leur richesse permettent de toucher le plus grand nombre ;
  • une pédagogie n’est pas « bonne » en tant que telle, on cherche ce qui correspond au groupe/aux enfants.

B. Des espaces en mouvement

Les membres du FRIZBI sont engagés dans une réflexion permanente autour des pratiques pédagogiques. Le FRIZBI n’a pas un fonctionnement figé. Nous œuvrons en partenariat avec les jeunes et les parents.
C’est en observant les erreurs et les succès que nous nous adaptons au fil du temps.

1. La place des adultes

La posture des référents

Chaque adulte se positionne dans une posture d’enseignant chercheur. Son rôle est de sans cesse améliorer son accompagnement pour que les enfants entretiennent le plaisir et la curiosité d’apprendre, et deviennent de plus en plus autonomes, acteurs de leurs apprentissages et libres de leurs choix.

Le référent est garant du cadre de sécurité affectif et physique des enfants. Par son attitude patiente, responsabilisante et non jugeante, il contribue à créer un climat de paix et de confiance indispensable au bien être et aux apprentissages.

Le référent guide et accompagne le jeune dans ses projets. Il peut aider à impulser, élaborer ou réaliser un projet en veillant à favoriser l’autonomie de l’enfant. Il sait se mettre en retrait, rester dans l’observation sans intervenir, et encourage l’initiative. Il est attentif et discret.

Le référent organise le temps et l’espace. Cette organisation va se modifier au cours de l’année au fur et à mesure que les enfants vont la prendre en charge.

La position des parents

L’école est co gérée par la communauté parentale.

La commission Parents de l’association se compose des responsables des enfants inscrits au FRIZBI. Ils sont activement impliqués dans le fonctionnement de l’école et dans la co éducation de tous les jeunes de l’école. Ils possèdent de multiples compétences dans différents domaines et peuvent être sollicités lors de l’élaboration de projets où leurs savoirs est requis. La pluralité et la diversité des membres de cette commission constitue une grande richesse.

Chaque parent est invité dès la rentrée à s’intégrer dans le FRIZBI en :

  • suivant une petite formation sur nos outils relationnels et décisionnels ;
  • venant à une journée de présentation durant laquelle l’établissement et son fonctionnement lui sont présentés ;
  • participant à la réunion périodique école-famille qui est un espace créé pour échanger, poser des questions, critiquer et faire évoluer le projet pédagogique.

Chaque parent s’engage à œuvrer pour la pérennité du projet et à respecter les règles de vivre ensemble mises en place par l’équipe pédagogique et les enfants.

L’accueil des intervenants

Il est possible pour les jeunes de développer un projet avec des personnes extérieures à l’école, autre que les parents, pour trouver une compétence ou un savoir particulier. Ces interactions peuvent être auto-gérées ou accompagnées par quelqu’un.

Cette possibilité permet de créer du lien entre l’école et les autres organes de vie locale (les écoles publiques, le village, la vallée, les associations, …).

Il est possible de solliciter un intervenant (sur demande des enfants ou de l’équipe pédagogique) mais aussi que quelqu’un propose spontanément un atelier.

Dans tous les cas, l’atelier est validé par l’équipe pédagogique. Puis, en réunion avec les jeunes, il sera défini des modalités d’intervention spécifiques. L’intervenant doit remplir une fiche de proposition d’atelier. Un entretien avec un référent peut être organisé.

N’importe quelle personne, membre de l’association La Ruche ou non, peut devenir une personne ressource dans un domaine de compétence particulier.

Chaque intervenant devient membre de l’association et s’engage à respecter les règles de vie commune mises en place dans l’école.

2. Les piliers de notre école

Quatre éléments constants dessinent notre structure.

La réunion quotidienne

Chaque jour, un espace temps est fixé où tous les membres de l’école se retrouvent : c’est là qu’est partagé le pouvoir. La réunion est alimentée d’évènements et de rituels. Elle est la porte d’entrée de nouvelles informations. Elle permet la cohésion du groupe et son auto-organisation. C’est dans cet espace que naissent et sont suivis les nombreux projets et activités.

Les ateliers permanents

Il s’agit plus d’un concept que d’un espace. Chaque atelier est associé à une thématique. Il est permanent dès lors que le jeune peut y accéder facilement au cours de la journée.

De nombreux ateliers permanents sont disponibles et correspondent à différents types de langages : lecture, écriture, mathématiques, logique, mesure, science, technique, découverte du monde, numérique, création, musique, vie pratique, bricolage, …

La mémoire collective

Chaque atelier a son affichage et l’archivage de ses productions. L’ensemble des productions de tous les ateliers constitue la mémoire collective. Elle peut être consultée et utilisée à tout moment. Elle permet à l’information de circuler.

Le mélange des âges

Les membres de l’école ont des âges très différents les uns des autres et sont en relation tout au long de la journée. Comme dans la vie réelle.

Cette grande hétérogénéité favorise :

  • la maturité et la responsabilité : les jeunes font confiance aux plus âgés. Ils sont incités à devenir plus responsables ;
  • la construction, l’utilisation et l’évolution des principaux langages : en expliquant aux autres, ils valident leurs connaissances et les consolident. Autonomie et mentorat sont développés ;
  • la coopération naturelle : le plaisir de partager et le respect mutuel est renforcé, le vivre ensemble est plus fluide ;
  • l’inspiration mutuelle : la fraîcheur des plus jeunes relance la créativité des plus anciens. Chacun est reconnu pour ce qu’il fait ;
  • la mise en retrait de l’adulte : il peut passer plus de temps à observer et donc intervenir plus efficacement.

3. Les aménagements

La base de notre école tient sur l’aménagement de nombreux espaces. Celui-ci a pour but de faciliter la prise d’initiatives ainsi que de permettre de poursuivre ce qui a été entrepris.

Il y a ainsi des espaces propres : à la réunion, à l’affichage, au repos, aux repas, … Certains sont propres aux projets collectifs et d’autres favorisent ceux individuels.

De nombreux coins sont alloués aux ateliers permanents. Lors de la construction de leurs projets, les jeunes passent d’un atelier à l’autre en fonction de ce dont ils ont besoin.

4. Les ressources pédagogiques

Nous utilisons une grande diversité de matériel et de ressources pédagogiques comme autant d’outils possibles et non comme finalités.

Les jeunes peuvent faire appel à l’expérience des autres membres de l’école (enfants ou adultes) dans la construction d’activités et de projets dont ils sont à l’origine.

B. Un cadre sécure

Recherche d’équilibre entre contraintes et liberté.

1. Environnement adapté

Il nous tient à cœur de proposer un contexte riche, accessible, sécurisant, en lien avec la nature et le monde qui nous entoure.

C’est ce cadre qui fera apparaître les activités, les projets, la curiosité.

Grandir dans un environnement qui se prête à la liberté de mouvement et qui évolue permet de développer des capacités déjà existantes et d’en faire émerger de nouvelles.

Comme l’école accueille des jeunes d’âges très différents, un grand soin est pris dans l’aménagement des espaces pour nourrir les besoins de chacun, aussi bien les besoins physiologiques que les besoins d’apprentissages.

Être dehors

Pour permettre à chacun de progresser en toute confiance en extérieur, les membres de l’école mettent en place un ensemble de règles et de limites à respecter à l’extérieur. C’est ainsi que les risques sont réduits. Cela favorise le vivre ensemble au sein du groupe. Ces règles sont débattues et décidées lors de la réunion quotidienne et peuvent évoluer.

Co confiance et vivre ensemble

Adapter l’environnement passe aussi par le développement d’un espace qui assure la sécurité affective et psychologique de tous. Cet espace est évolutif, construit chaque jour et garanti par l’équipe pédagogique.

2. Gestion de conflits

Le conflit est normal et admis par le groupe. Il est important pour nous de lui laisser sa place, de l’accueillir avec bienveillance et d’en prendre soin.

Pour harmoniser sa gestion, nous avons établi une Charte Relationnelle qui permet à tous les membres de l’association d’être en accord, cohérents. Elle concerne tous les liens : entre enfants, entre adultes, entre enfant et adulte.

Les membres de l’équipe pédagogique sont tous formés à l’accueil des émotions et à la gestion de conflits.

C. Le suivi des progrès

Il est fondamental pour nous que le jeune se sente mis en valeur, qu’il ait confiance en lui, ne se compare pas aux autres et soit valorisé. Nous faisons confiance à l’enfant. Nous voulons lui permettre d’avancer sans peur de l’échec. Sans jugements.

Aussi, nous n’utilisons aucun système d’évaluations formelles, de programmes, ni de notations.
L’apprentissage de chaque enfant suit un rythme particulier et ne dépend pas d’un plan de progression défini par un adulte.

Au FRIZBI, les enfants ne sont pas sélectionnés. Ils ne peuvent pas redoubler. Pas besoin d’utiliser de notation.

Certaines pratiques peuvent faire obstacle au développement de l’enfant (attentes de résultat, comparaisons, compétition), aussi, l’équipe pédagogique prend grand soin pour choisir ces outils de suivi.

L’observation par l’enfant

Avec les apprentissages autonomes, le jeune s’évalue lui-même et c’est ce qui lui donne envie de progresser, d’améliorer ou de modifier son entreprise. Il prend naturellement conscience de ses acquisitions au moment où il les réalise. Il n’apprend pas pour progresser mais pour répondre à un besoin, une envie, une curiosité. Pour prendre sa place dans le monde.

Pour l’accompagner au mieux dans ces démarches, le référent n’a pas d’attente de résultat.

Si une personne comprend l’intérêt d’un savoir-faire, ou d’un savoir-être, il apprendra de lui-même à le maîtriser.

L’observation par l’adulte

Le référent constate les progrès de l’enfant en observant ces activités tout au long de la journée. Pour que ces observations soient pertinentes, il est important que l’enfant choisisse ses activités et s’y engage avec plaisir.
Le référent peut ainsi voir quand il convient d’apporter de l’aide à un jeune.

Ces observations ne demande aucun examen, ne propose aucune note ni évaluation.

Ce système de suivi permet de ne pas être pénalisant. Il est intégré dans le quotidien de l’enfant sans lui imposer d’inspection. Cette approche ne juge pas l’enfant, elle constate juste son niveau, ce qui la rend non violente.

D’après ces observations, les référents vont remplir pour chaque jeune, en coopération avec lui :

– un cahier de suivi qui centralise les activités entreprises par l’enfant, ses projets, ses réalisations, ses avancées, notamment ceux en lien avec le S4C ;

– un bulletin semestriel de compétences, connaissances et culture qui reprend les grands domaines du S4C.

L’équipe pédagogique se rend disponible pour engager une co réflexion avec les parents qui le souhaitent sur le sujet du suivi.

Ils s’engagent à informer les parents de l’évolution de leur enfant quand ils le demandent et à transmettre un relevé de compétences si celui-ci est requis par le futur établissement scolaire d’un enfant qui quitte l’école.

Des passerelles avec le public

L’équipe pédagogique fait le lien avec les établissements scolaires (écoles, collèges, lycées, MFR, …) du secteur afin de pouvoir permettre de passer d’un établissement à l’autre en fonction des motivations et demandes des jeunes.

Le FRIZBI s’engage à ce que chacun acquiert à son rythme les apprentissages du socle commun. Il est important pour nous que les connaissances techniques et générales ainsi que les compétences sociales soient considérées avec autant d’importance. L’équipe veille à permettre l’acquisition de compétences transversales nécessaires à l’épanouissement de l’humain.

Le bulletin semestriel permet de passer dans une autre école ou de répondre aux souhaits de spécialisation ou d’études post-bac.

D. Fonctionnement

A. Effectif et âges

Le FRIZBI a vocation à accueillir 20 jeunes âgés de 3 à 18 ans.

B. Horaires, assiduités

L’école est ouverte de 9h30 à 16h30 les jours suivants : lundi, mardi, jeudi et vendredi.

Chaque enfant a une obligation d’assiduité.

C. Accueil individualisé

1. Période d’adaptation

Une période durant laquelle un des parents reste toute la journée à l’école pour accompagner son enfant nouvel arrivant pourra être mise en place pour faciliter l’intégration.

L’organisation de cette modalité d’accueil sera définie entre le jeune, les parents et la direction.

2. Période d’essai

L’école propose aux familles qui souhaitent intégrer le projet une période d’essai de trois semaines. En effet, ses qualités hors normes doivent parfois être testées par les nouveaux arrivants avant d’être choisies.
L’inscription définitive aura lieu à la fin de cette période.

3. Projet d’Accueil Individualisé (PAI)

Si l’enfant doit recevoir des soins spécifiques, les parents, l’équipe pédagogique et d’autres acteurs potentiels (médecin traitant…) se rencontreront et établiront un Projet d’Accueil Individualisé (PAI) qui regroupe un protocole de soins et les conduites à tenir.

D. Sorties en autonomie

Les enfants de plus de 13 ans peuvent être autorisés à sortir seuls pratiquer une activité. Pour ce faire, les parents doivent avoir donner leur accord écrit.

E. Stages

Dans le cadre de projets spécifiques ou pour perfectionner un apprentissage, des stages pourront être mis en place pour les jeunes de plus de 13 ans.

F. Journée type

Le contenu des journées est très varié et dépend des activités et des rythmes de chacun.
Cependant, l’équipe pédagogique veille à proposer une trame quotidienne toujours identique qui cadre le temps.

Cette trame est évolutive et sera co construite au fil de l’année avec les jeunes.

Chaque semaine, des espaces temps sont dédiés à des sorties scolaires (musée, randonnée, médiathèque, visite, …) et à des activités en plein air.

III. Pour aller plus loin

A. Inspiration principale

Notre projet s’insère dans le courant de l’Education Nouvelle. Celle-ci considère qu’il est primordial de préserver l’individualité de chaque enfant et sa créativité. Elle part du principe que l’enfant a naturellement envie d’apprendre et que les apprentissages se font mieux au travers d’activités qui ont du sens. L’un des principes de l’Education Nouvelle est que l’enfant peut et doit se développer librement dans des groupes qui choisissent eux-mêmes leur mode de fonctionnement. Ainsi, les talents de chacun peuvent émerger et construire une société où chaque personne sera à sa juste place.

L’école du 3ème type

Pour Bernard Collot, les apprentissages se font principalement de façon informelle aux travers d’activités transversales et dans un environnement adapté et en constante évolution, comme la vie. C’est le jeune qui est à l’initiative de ces activités. Au départ, les adultes guident le fonctionnement et l’oriente vers un système éducatif vivant. Puis, ils prennent soin de s’effacer aux bons moments et accompagnent les membres vers une auto-organisation dans lequel le groupe et chaque jeune auront un réel pouvoir.

Le fonctionnement de la classe est réinterrogé en permanence, si possible avec les jeunes et les parents. L’école est en lien avec le territoire et ouverte vers les villageois, le village et les structures voisines.

Ce type d’école puise son inspiration des pédagogies actives et des théories de Freinet mais s’appuie sur une notion différente des langages.

Une grande attention est portée aux conditions développées dans l’établissement pour favoriser l’auto-construction des langages (langages oraux, écrits, mathématiques, scientifiques, manuels, corporels, artistiques…) par les jeunes, et leur évolution.

Dès sa mise en œuvre, la structure se repose sur quatre piliers : la réunion quotidienne, le mélange des âges, des ateliers permanents, la mémoire collective.

Son objectif est de contribuer à ce que les enfants deviennent des adultes autonomes, disposant d’outils pour être et agir dans une société où ils ne seront pas passifs.

C’est ce modèle qui nous a le plus inspiré pour créer le FRIZBI.

B. Points communs avec d’autres pédagogies

De nombreux courants sont issus de l’Education Nouvelle. Ils ont chacun mis en place des méthodes très différentes les unes des autres pour parvenir à leurs objectifs.

Voici quelques points communs entre notre projet et d’autres pédagogies.

Pédagogie active

Comme en pédagogie active, au FRIZBI, nous considérons que chaque individu est unique et possède en lui les ressources de son propre développement. Nous impliquons l’enfant dans ses apprentissages et tenons compte de ses acquis et de ses expériences.

Techniques Freinet

Freinet met en avant le tâtonnement expérimental et, comme nous, pense que ce que l’on a découvert par ce biais, on s’en souvient sans effort et que cela permet de progresser par soi-même. Que cette implication immédiate sert à acquérir une grande confiance en soi. Dans sa Coopérative Scolaire, il vise à créer une vraie société d’enfants capables d’administrer la presque intégralité de la vie scolaire. Il parle également d’expression libre.

Pédagogie par la Nature – PPN

Comme dans notre école, les personnels des écoles suivant la PPN ont à cœur de reconnecter les enfants à la nature en leur laissant du temps et de l’espace à disposition. Ils développent des outils pour leur permettre de développer un apprentissage intégral, actif et interdisciplinaire en mobilisant tous leurs sens. Ils sont convaincus qu’il est primordial de s’appuyer sur la motivation intrinsèque de chaque enfant pour lui permettre d’apprendre de manière fluide et autonome. Ils laissent une grande place au jeu libre.

Pédagogie Montessori

Dans les écoles Montessori comme dans la nôtre, les éducateurs sont convaincus que l’enfant est naturellement curieux. Ils ont le souci de respecter son rythme d’apprentissage. C’est dans cette vision de l’enfant qu’ils s’attachent à créer un milieu favorable aux apprentissages, où l’enfant évolue dans un groupe d’âges différents et où il est libre de choisir ses activités et de les réaliser plusieurs fois, sans limite de temps et sans l’intervention d’un adulte.

Vision d’A.S. Neill

Comme Alexander Neill, nous permettons aux enfants de faire ce qu’ils veulent, librement, tant qu’ils n’empiètent pas sur la liberté des autres. Ainsi, nous pouvons laisser grandir les enfants sans user de punitions ni d’autoritarisme.

Modèle Sudbury

Dans leurs écoles comme dans la nôtre, les principes suivants sont mis en place : le mélange des âges, le jeune auteur de ses apprentissages, une recherche d’égalité adulte-enfant.

Pédagogie institutionnelle

Notre structure comme l’école institutionnelle permet que l’enfant perçoive l’école comme un endroit de repères, de sécurité et de vie où l’on peut régler des questions. Un lieu où il va garder ou retrouver l’envie d’apprendre à travers son engagement et ses initiatives. C’est un espace social inséré dans un environnement riche et adapté aux apprentissages. Il a pour objectif de préparer les jeunes à intégrer le système.

Education intégrale

Comme dans leurs écoles, nous prenons soin de respecter pour chaque enfant : les étapes de sa progression, ses propres lois de développement, ses dispositions naturelles et sa nature profonde.

C. Ils nous rassemblent

Réseaux et partenariats

  • Arbustes – plateforme éducative qui met en œuvre le concept des Arbres de Connaissances
  • Pédagogies Par la Nature – le réseau des pédagogues par la nature
  • Créer son école – association nationale qui a vocation à soutenir l’émergence et le développement de structures éducatives innovantes
  • Fondation pour l’école – soutient le développement des écoles indépendantes pour un renouveau éducatif au service des familles
  • Redécol – réseau qui souhaite accompagner les élans créateurs désireux de changer le monde de l’éducation

Quelques exemples d’écoles qui suivent ces principes

  • L’autre Collège – 75020 Paris – https://www.lautrecollege.fr
  • Cœur d’école – 34570 Pignan – https://www.coeurdecole.fr
  • Être et Savoir – 75012 Paris – https://etre-et-savoir.org
  • La Ruche Bleue – Ecole-collège – 44160 Pont-château – https://www.ecolelaruchebleue.fr
  • Pleine Nature – 09200 Moulis – https://www.ecolepleinenature.org
  • L’arbre à Pépins – https://larbrapepins.blogspot.com/
  • Et bien d’autres

D. Documentation

« Comment éduquer un enfant ? Première règle : fichez-lui la paix.
Deuxième règle : fichez lui la paix. Troisième règle : fichez lui la paix. »
D.H. Lawrence – 1918

Bibliographie

  •  » Chroniques d’une école du troisième type  » – Bernard Collot – 2013
  •  » L’école du troisième type ou la pédagogie de la mouche  » – Bernard Collot – 2002
  •  » Les apprentissages autonomes  » – John Holt – 2014
  •  » Ces écoles qui rendent nos enfants heureux  » – Antoniella Verdani – 2012
  •  » A l’école de la vie, les apprentissages informels sous le regard des sciences de l’éducation  » – Alan Thomas, Harriett Pattison – 2013
  •  » L’école à ciel ouvert  » – Fondation Sylviva – 2021
  •  » Quatre valeurs pour réinventer l’éducation  » – Jesper Juul – 2012
  •  » L’école de la liberté  » – Daniel Greenberg – 2017
  •  » La domination adulte  » – Yves Bonnardel – 2015
  •  » Oui, la nature humaine est bonne !  » – Olivier Maurel – 2009
  •  » Le vivant post-génomique. Ou qu’est-ce que l’auto-organisation ?  » – Henri Atlan, Odile Jacob – 2011
  •  » C’est pour ton bien  » – Alice Miller – 1984, 1998
  •  » Au cœur des émotions de l’enfant  » – Isabelle Filliozat – 1999
  •  » Le droit de l’enfant au respect  » – Janusz Korczak – 1928
  •  » L’école de la forêt » – Peter Houghton, Jane Woroll – 2019

Films et documentaires

  • Etre et devenir. Instant Présent, Pourquoi pas Productions. Clara Bellar. 2015
  • A la poursuite de mes rêves. Florie Berrehar. 2018
  • CaRabA. Bertrand Stern. 2019
  • L’école de la vie, une génération pour tout changer. Julien Péron, Laurent Quéralt. 2019
  • L’école est à nous. Alexandre Castagnetti. 2022

Articles et publications

Se référer aux écrits de : Michel Odent, Melissa Lem, John Holt, Emmi Pikler, Maria Montessori, Bertrand Stern, Sandi Mann et Rebekah Cadman, Rebecca et Mauricio Wild, Alain Berthoz, Peter Gray, Henri Atlan, Karl Popper, Jesper Juul, Alice Miller, Ivan Illitch, Gerald Hütter, Paulo Freire, Isabelle Filliozat, Maria Falska, John Locke, Perruchet, Catherine Gueguen, Ovide Decroly, Tony Lainé, John Dewey, Keeton, et bien d’autres.